Cette semaine, on avait un nouveau locataire à la maison. Uzak était en pension chez nous pendant la semaine. Uzak, c’est le chien de Poun et Mayelle, un golden retriever qui a un an de plus que moi. En fait, il était en pension à la maison pendant que Poun et Mayelle étaient partis en vacances. Je ne sais pas ce qu’ils ont tous en ce moment mais j’ai l’impression que c’est une véritable épidémie. Les parents, les grands-parents, les oncles…tout le monde part en vadrouille ! Il n’y a guère que moi qui reste à peu près tranquille. C’est vrai que pour l’instant j’ai un rayon d’action plutôt limité mais je me débrouille de mieux en mieux et dès que la porte est ouverte, je prends allègrement le sentier de la liberté. Malheureusement, même si j’ai bien progressé sur la marche sur gravillons, maman me récupère toujours avant que j’aie atteint la route. Enfin, ce n’est pas le sujet !
Uzak a débarqué la semaine dernière chez papi et mamie. Poun et mayelle l’avaient accompagné à la veille de leur départ. C’était la première fois qu’il venait là mais ça n’a pas eu l’air de trop le dépayser et il s’est vite senti chez lui. Il a surtout très vite compris que c’était mamie qu’il fallait surveiller de près question intendance…Il faut dire aussi que son séjour avait été bien préparé. Il a débarqué avec tout son équipement : gamelles, croquettes, carnet de santé…et même son doudou ! Si, si, il a son doudou perso ! Ca ne l’a pourtant pas empêché de pleurer pendant une heure la première nuit ! Enfin, une fois arrivé chez nous, il a pris ses aises et a testé la sieste sans complexe dans toutes les pièces de la maison. Il faut dire qu’il passe plus de temps que moi à dormir, ce qui est quand même pas mal. Bon, je dois bien reconnaître qu’il se dépense pas mal pendant les promenades. Il a levé plusieurs fois des canards au milieu des vignes et on a bien cru l’avoir perdu une ou deux fois en ballade avant qu’il ne réapparaisse un quart d’heure plus tard, la langue pendant plus bas que terre et crotté jusqu’à la truffe…Et je dois dire qu’on s’est rarement autant promenés que cette semaine. Ca m’a d’ailleurs procuré quelques frayeurs…
Il faut d’abord vous expliquer que je roule en poussette 4*4. Son vrai nom, c’est « Everest Life » et comme ça peut l’indiquer, elle peut passer presque partout. C’est une poussette trois roues avec des gros pneus, des amortisseurs, un frein à mains qui fait ralentisseur dans les descentes et un frein à pieds… bref, la grande classe. En fait, les parents l’avaient achetée pour P’tit Loup quand ils habitaient encore à Paris et il faut bien avouer qu’à part pour le passage des trottoirs, ce n’est vraiment pas la poussette idéale pour la vie parisienne. C’est déjà la galère quand il y a des poubelles sur les trottoirs parce qu’elle est assez large et pas trop légère alors je ne vous raconte même pas la croisade quand il s’agit de prendre le métro… Enfin, les parents ne l’avaient pas achetée pour jouer les bobos mais pour se motiver pour partir vivre en province. Si ce n’est pas de la vue à long terme, ça ! Remarquez, elle a vite été baptisée (la poussette) alors que P’tit Loup avait à peine 1 mois 1/2 , lors d’une mémorable promenade dans les vignes alsaciennes qui s’est terminée dans le lit d’une rivière…Tout ça pour vous dire qu’elle assure, cette poussette, et les vignes en ce moment, elle les arpente de long en large. Pas de Riesling mais de Muscadet. Il faut dire que les premiers ceps sont à la sortie du lotissement, ce qui facilite les expéditions. Enfin, pour varier les plaisirs, on change parfois de promenades et on part se balader près de la Sèvre Nantaise. Le seul problème, c’est que c’est à 5 km de la maison et qu’on est donc obligés de prendre la voiture pour y aller. En temps normal, d’ailleurs, ce n’est pas un problème, mais avec Uzak, ça le devient un peu. Parce que ma super poussette a quand même un petit inconvénient, c’est qu’elle n’est non seulement pas très légère mais surtout assez encombrante. En fait, on peut la compacter en retirant les roues, la capote et la barre de sécurité mais il faut ensuite passer dix minutes à tout remonter (c’est moins rapide que la tente deux seconds de Papa) et au final, on passe autant de temps au démontage – pliage – remontage qu’à la promenade elle-même, et ça, ça gâche un peu le plaisir. Du coup, la première fois qu’on est partis se balader avec Uzak, maman a choisi l’option démontage minimum : elle a juste retiré la roue avant. La poussette tenait donc dans la moitié du coffre et Uzak avait l’autre moitié pour lui. Dès le départ, on a bien senti qu’il n’était pas très chaud pour partager son coffre mais vu qu’il n’avait pas le choix, il a accepté de grimper quand même. Maman nous a attachés dans nos sièges et nous voilà partis pour Monnières. Manque de chance, au bout de deux kilomètres, la poussette a commencé à glisser et Uzak s’est senti menacé. Il a commencé à gémir, d’abord doucement, puis de plus en plus fort en essayant de défendre son territoire. Mais la poussette faisait la sourde oreille et n’a jamais voulu reprendre sa place initiale. Moi, tranquillement assis dans mon siège, je sentais bien que ça s’agitait dans mon dos, quand j’ai soudain senti deux pattes se glisser de chaque côté de ma tête. Alors là , ça ne m’a pas fait plaisir ! Parce que non seulement, je me suis retrouvé avec des balafres sur les joues (plutôt griffu, le bestiau…) mais en plus, il n’avait pas l’air de vouloir s’arrêter là ! Je m’imaginais déjà avec un chapeau en forme d’Uzak quand maman a freiné en urgence et stoppé les velléités de transhumance du Zuzu. Après ça, évidemment, celui-ci a fait la galette au milieu de la route et il a fallu de gros efforts de persuasion pour qu’il accepte de remonter aux côtés de sa rivale. Enfin, heureusement, mon papa qui est très ingénieux a trouvé un système d’anneaux pour attacher fermement la poussette et les autres voyages se sont bien passés, même si on ne peut pas dire qu’Uzak délirait d’enthousiasme à chaque fois qu’il devait grimper dans le coffre.
En tous cas, les parents ont trouvé ça drôlement pratique d’avoir un Uzak sous la main pendant les ballades, parce que pour motiver un P’tit Loup fatigué en fin de promenade, il faisait vraiment l’affaire ! Moi, fatigué ou pas, on ne peut pas dire que ça change grand’chose : au mieux, je profite du paysage, au pire, je dors dans la poussette, mais dans tous les cas, le travail est le même pour celui qui pousse. Tandis qu’un P’tit Loup peut parfois se montrer très pénible en fin de promenade. Il sait parfaitement y faire pour s’arrêter sur chaque caillou, chaque brin d’herbe, jusqu’à ce qu’on finisse par trouver une solution alternative pour rentrer avant la nuit. Maman en a d’ailleurs fait les frais cet été, mais c’est une autre histoire… Et bien, vous prenez un Uzak, une laisse, vous la glissez dans la main du P’tit Loup et là , plus de problème ! Le P’tit Loup est gonflé à bloc jusqu’à l’arrivée, il va même jusqu’à trottiner ! Incroyable mais vrai. Ah, moi, je sens bien qu’il ne faudrait pas grand’chose pour inciter les parents à adopter un petit chiot si le Zako se trouvait une copine !