Hier, à l’école, c’était Carnaval. Avec un peu d’avance certes, mais le vrai tombant pendant les vacances, il fallait bien trouver une solution de repli. Le seul hic, c’est que les parents ont été prévenus seulement vendredi. D’où une certaine effervescence pour trouver un déguisement dans un temps relativement réduit…Evidemment, dès qu’il a su qu’il était question de se déguiser, Titouan a déclaré qu’il voulait se déguiser.. en louououp. Il faut dire, le loup c’est un peu une idée fixe en ce moment. Soit il est tapi dans le noir et Titouan hurle s’il se retrouve tout seul en bas des escaliers, tout persuadé qu’il est qu’il va se faire manger. Soit, il se prend lui même pour le loup (ce qui n’est pas si étonnant que ça quand on s’appelle P’tit Loup) et il essaye ses dents sur les parents (ce qui ne dure jamais longtemps) ou sur moi ( ce que j’apprécie très moyennement). Pour lui, c’était donc tout vu, il se déguiserait en loup. Manque de chance, une peau de loup, ça traîne rarement dans les greniers, et entre les courses, moi qui étais malade (je ne vous ai pas raconté ça, mais j’ai attrapé une fièvre de cheval assortie d’une éruption cutanée impressionnante, qui a laissé notre jeune médecin perplexe.. après avoir tenté la scarlatine, la roséole, la rougeole et j’en passe, elle a fini par déclarer que c’était viral et que ça passerait, et effectivement c’est passé…), bref avec tout ça, les parents ont complètement oublié d’acheter une fourrure susceptible de transformer mon frère en loup. Du coup, maman a décidé d’aller voir chez Poun et Mayelle s’il ne restait pas deux trois bricoles pour faire un déguisement. Mais là encore, ce fut la déception. On est revenus avec trois bouts de tissu mais tous les déguisements de japonais, de berger grec ou de marin avaient disparu.
Les parents ne se sont pas découragés pour autant : leur petit loup allait avoir droit à son déguisement perso. Il ne serait pas dit que le Titou, fan absolu du maquillage et du déguisement, serait arrivé le jour du Carnaval en habit de tous les jours ! Maman a commencé à retourner son placard pour trouver un vieux sous-pull jaune, puis elle a bricolé un gros nœud multicolore dans un vieux foulard. Enfin, un pantalon made in Burkina Faso ayant subi une petite cure de rapetissement et assujetti à une paire de bretelles s’est rapidement transformé en braies de clown du plus bel effet. Et pour la touche finale, c’est Papa qui s’y est collé. Il a commencé par préparer une bassine entière de colle à papier peint puis il s’est mis à coller des bandes de papier déchiré sur une vieille passoire. Il fallait vraiment être confiant pour penser que ça pourrait faire un jour un chapeau mais après quelques heures d’effort (j’exagère à peine), de longues discussions pour savoir s’il fallait faire sécher la bête la tête en bas (quelle ironie pour un chapeau) dans un saladier ou en équilibre précaire sur un gros œuf Kinder (enfin, la boîte, vous imaginez bien que l’œuf est fini depuis longtemps) et une nuit de séchage, le doute n’était plus possible : il s’agissait bien d’un chapeau. Restait à le peindre (un chapeau de clown couleur de papier journal, c’est pas hyper beau). Papa a donc été chercher son matériel de peinture au fond du jardin et en a généreusement couvert le couvre-chef. Le tout a été mis à sécher sur le radiateur pendant que les parents recollaient les papiers peints dans toute la maison avec le reste de colle (et je vous prie de croire qu’il y avait du boulot). Bref, entre la préparation des crêpes, la finalisation du déguisement et la remise à (presque) neuf de la maison, les parents sont partis fort tard goûter un repos bien mérité. Mais le lendemain matin, horreur ! le chapeau était encore tout dégoulinant de peinture ! Heureusement, maman avait gardé dans un coin des morceaux de papier de soie coloré.
Restait à habiller le petit loup. Et là , drame absolu. Pour le sous-pull et le maquillage, tout s’est bien passé. Mais quand il a fallu enfiler le pantalon, Titou a commencé à hurler qu’il ne voulait plus se maquiller en clown, qu’il voulait être un loup, miaouou miaououou…ça, en général, le miaou, c’est mauvais signe. En clair, ça veut dire « maman, je suis ton petit chat et je suis très malheureux… ».Le problème, c’est que maman n’avait pas de plan B (déguisement de loup) et que le maquillage commençait à couler dangereusement. Pour tout arranger, le Titou s’est mis à pleurer sur la veste toute propre de maman –spécialemen-sortie-pour-son-comité-de-pilotage-hyper-important. Heureusement, à ce moment là , papa a eu l’idée de gonfler quelques ballons pour compléter la panoplie et le clown s’est enfin retrouvé au complet. Mais au moment de partir, nouveau drame, le Titou ne voulait plus emmener ses ballons de peur de se les faire prendre ou exploser…après quelques négociations, on a quand même réussi à partir et à arriver (en retard) à l’école. Le p’tit loup a confié ses ballons à la maîtresse et après 18 calins, a accepté d’aller s’installer près de ses copains. Au final, la maîtresse a raconté aux parents qu’il avait passé une super journée de carnaval, mais maman en a quand même conclu que pour éviter de nouveaux drames, ça vaudrait peut-être le coup d’investir dans une peau de loup…